La rencontre entre la téléphonie mobile – objet technique le plus répandu dans le monde avec 5 milliards d’utilisateurs – et le champ de la santé ne se limite pas au débat sur les potentiels risques liés aux radiofréquences, comme c’est le cas parfois en France.
Par Laurence Allard, MCF Info-Com, Université Lille 3. Auteure de Mythologie du portable, ed.Le Cavalier Bleu, 2010.
En plus des belles histoires qui racontent comment le téléphone portable a un jour sauvé la vie de l’un d’entre nous, il existe de par le monde et notamment dans les pays les plus pauvres un usage massif du mobile dans des campagnes de santé publique. Soutenant souvent des infrastructures parfois déficientes, de nombreux projets innovants et pionniers en matière de mHealth ont été menés dans le monde. Et notamment sur le continent africain.
En effet, faute de médecins en nombre suffisant, en Afrique, on compte 1 médecin pour 7 000 patients en moyenne suivant les chiffres de l’OMS, ou de routes fonctionnelles pour se rendre dans les villages des zones rurales (selon le rapport de l’IFRI ), mais avec un taux de pénétration du téléphone portable en moyenne de 41% sur le continent africain et 60% des 400 000 villages africains couverts par le réseau télécom, le téléphone mobile y demeure un moyen technique fort utile dans le domaine de la santé. Dans les pays développés, le secteur de mHealth commence avec le boom des applications mobiles médicales pour smartphones, à être jugé rentable par les économistes des télécoms. Mais au-delà des arguments financiers souvent avancés en faveur du mHealth liés à la gestion des systèmes de santé dans le monde, il est important d’inscrire le développement de ce champ dans un contexte sociétal général d’une relation renouvelée entre les patients et les médecins et ce dans le cadre d’une médecine dite 2.0. A tel point que l’on parle désormais de Health Literacy, c’est-à-dire de la compétence des malades à obtenir et comprendre des informations médicales, afin de s’appproprier décisions médicales et éléments de traitement. (Lire la suite)