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Notice: Undefined variable: SDJIaH in /var/www/alternc/g/griom/mobactu/wp-includes/block-patterns.php on line 1 MOBACTU / by @laurenceallard – Page 4 – Blog de recherche sur les usages du numérique et du smartphone dans le monde
Pour tout savoir sur le colloque international « Téléphone mobile et création : cinéma, vidéo, jeux, écriture, musique, applications », organisé par Laurence Allard, Laurent Creton, Roger Odin, Benoit Labourdette et l’IRCAV-Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle, qui aura lieu du 14 juin 2012 au 15 juin 2012, INHA, 75002 : le site du colloque par ici.
[MAJ] Un formulaire d’inscription est disponible sur le site du colloque.
Article paru dans les Cahiers de la SFSIC n°17, printemps 2012 ; dans le contexte de la globalisation des mouvements de protestation entre Occupy Wall Street et les Indignés d’Europe ou d’Israël, portant parfois le masque commun de Guy Fawkes, voici l’introduction de notre article rédigé pour ce dossier en septembre 2011, et qui pointait les dimensions de la visibilité, de la scénarité, du live et du changement d’echelle des révolutions arabes et des mouvements européens (cf aussi une présentation de mars 2012 sur le mouvement Occupy dans le monde ).
« Que cela soit au sujet des dernières révolutions dans le monde arabe de janvier-février 2011 ou des émeutes anglaises d’août 2011 mais aussi originellement à propos des manifestations post- électorales de juin 2009 en Iran, un nouveau slogan semble fleurir sur internet : voici venu le temps des mobilisations 2.0, des manifestations ou des émeutes organisées par SMS ou tchat BBM, des soulèvements impulsés par Facebook et des révolutions en live sur Twitter. Ce nouveau slogan se heurte cependant à l’analyse critique de certains sociologues et chercheurs qui cherchent à tempérer les excès de la pensée magique du déterminisme technologique. Une référence revient souvent sous la plume de ces derniers, Evgeny Morozov, chercheur invité à l’Université de Stanford et auteur de notamment The Net Delusion: The Dark Side of Internet Freedom[1]. L’argument d’Evegeny Mozorov est de fait largement recevable : internet n’est pas plus naturellement une technologie de libération qu’une technologie d’oppression. Les censures des réseaux télécoms en Grande-Bretagne avec le service de tchat par les mobiles Blackberry pendant les émeutes d’août 2011 ou leur coupure intégrale en Egypte le 27 janvier 2011 montrent qu’en effet, les technologies de communication sont aisément censurables et peuvent être aussi utilisées comme technologies de surveillance pour les dictateurs. Il est dommage que cette mise en avant de l’ambivalence d’internet et de la téléphonie mobile par Morozov, par ailleurs fin connaisseur de « la face cachée » d’internet et des pratiques de censures mais aussi d’attaques des sites par des hackers d’Etat, donne lieu à une rhétorique de l’ambivalence et à un scepticisme consensuel, qui peut empêcher d’approfondir la recherche à ce sujet. L’article de Malcom Gladwell[2] a contribué à transformer ce déni du rôle de ces technologies de communication en doxa et entre ceux qui vendent la révolution 2.0 et ceux qui clament que la révolution ne sera pas twittée, il ne devrait pas être nécessaire de choisir son camp. En revanche, il est urgent de contribuer à une approche compréhensive du rôle d’internet et du mobile dans ces mouvements par le biais de recherches situées. Pour ce faire, nous avons pratiqué une ethnographie digitale en temps réel des deux révolutions de Tunisie et d’Egypte en nous situant explicitement comme un observateur lointain pouvant lire/voir en direct une révolution en marche[3]. Et ce sont ces traits de la visibilité, de la scénarité et la temporalité et du changement d’échelle globale (scability) que configurent internet et le mobile que voudrait mettre en avant cet article synthétisant des données ethnographiques du web et interrogeant in fine l’horizon comospolitique contemporain ainsi modelé par les technologies de communication. »
Comment le téléphone mobile est-il utilisé par les Etats dans le cadre de leur diplomatie ? Le cas des Etats-Unis qui, de Haïti en Guinée en passant par l’Afghanistan, se montrent, en particulier sous la houlette de la Secrétaire d’Etat ou du milliardaire Bill Gates, très actifs dans les pays pauvres, en révèle les enjeux, en termes d’influence mais également au plan économique avec la montée d’un « philanthrocapitalisme » à l’échelle mondiale.
ll s’agit d’une version de l’article publié dans les Carnets du CAP, Ministère des Affaires Etrangères, « Vers un monde 2.0 », n014, printemps-été 2011. Elle a été rédigée entre novembre 2010 et mars 2011
[MAJ] Dans le cadre du débat sur la dette aux USA et la problématique de la contribution des milliardaires étatsuniens proposée par Warren Buffet reprise dans une certaine mesure en France par Maurice Levy, voici un article du fondateur d’Ebay pour la Havard Review Buisness, daté du 01/09/2011. Dans cet article, Pierre Omidyar explicite les principes du philanthrocapitalisme, modèle hybridant profit et non profit, et qui soutient également des projets mobiles dans le monde comme nous le rappelons dans notre article.
Alors que plusieurs villes de Libye se sont libérées depuis le 24 janvier 2011 avec la première édition du New Benghazi Newspaper circulant sur internet par le biais de simples sites de partages de fichiers, des messages sur Twitter mentionnaient une campagne de SMS envoyés par Kadhafi et les comités populaires qui le soutiennent encore. Un billet du site Smart Mobs en livre quelques exemples postés par l’intermédiaire des reportages sonores sur Alive in Libya : « Libya is one tribe and the name is Libya, and please send this to all the people you know » ou encore “Please go back to work.”
Sur Twitter, on pouvait également le 24 janvier2011 lire de tes avertissements.
De fait, comme nous l’avions noté avec Olivier Blondeau en Iran en juin 2009, il est désormais impossible aux dictateurs de couper totalement les communications et le black-out égyptien a bien été ressenti comme un électrochoc pour cette raison comme nous l’indiquions dans un billet précédent. Même Mouammar Khadafi a besoin de réseaux de téléphonie mobile en état de fonctionnement qui peuvent par ailleurs être filtrés et bloqués de façon récurrente. Et c’est d’ailleurs par le biais du téléphone que le Khadafi a fait une dernière allocution à la télévision d’état et a raccroché le combiné…jusqu’à quand ?
Ceci démontre que le SMS, le téléphone mobile et internet peuvent utilisés à la fois pour oppresser et se libérer. C’est la thèse bien connue de l’ambivalence des médias que Jürgen Habermas avait développé en son temps dans sa Théorie de l’Agir Communicationnel (Fayard, 1987). C’est sur cette nature ambivalente que le scepticisme éclairé d’un analyste des usages politiques autoritaires des technologies de communication d’Evegny Morozov peut prospérer et valider l’hypothèse sur la guérilla technologique adaptative dont nous avons décrit l’ingéniosité autour de l’usage du mobile sur la place Tahrir. On peut dire avec Morozov qu’en effet « the triumphalism about recent events in the Middle East is premature. The contest is still in its early stages, and the new age of Internet-driven democratization will endure only if we learn to counter the sophisticated measures now being developed to quash it ».
Cependant cette position sceptique ne dynamise pas véritablement l’action. Et c’est pourquoi, on peut préférer la version plus pragmatique de Mary Joyce, qui a travaillé à la campagne présidentielle nouveaux médias de Barack Obama, et chercher à déplacer le curseur qui fait passer une technologie de la répression à la libération. Selon elle, 4 traits distinguent les technologies de représsion des technologies de libération : 1-Permettre d’avoir accès et diffuser des informations politiques, comme par exemple les faits de censure en Chine ; 2-Etre accessibles à un large pan de la population et non pas réservés à l’élite gouvernementale ; 3-Etre matériellement utilisables, c’est à dire non filtrées et non bloquées ; et enfin 4-Les technologies de libération doivent être protectrices des données personnelles. Et c’est dans ce sens en effet que certains agissent pour continuer à libérer la technologie.
Un front commun semble se former entre les pays frontaliers que sont la Tunisie, l’Egypte et la Libye. Dans les trois cas, comme on peut le noter dans cette carte interactive, le taux de pénétration de la téléphonie mobile est massif : 77,94 % en Libye, 66,69% en Egypte et 95,38% en Tunisie. A comparer avec l’accès à Internet de 5,5% en Libye, 24,26 en Egypte et 34,07 en Tunisie. Quant à Facebook, que l’on dote d’un rôle si crucial en Occident pour tenter d’expliquer ces manifestations, le taux de pénétration dans la population libyenne en est de 3,98 en Libye, 5,49 en Egypte et 17,55 en Tunisie. A noter que l’Egypte a gagné entre janvier 2011 et février 2011, 632 120 nouveaux comptes Facebook et que les inscriptions sur Twitter ont augmenté de 10% pendant cette période.
Depuis le 17 février 2011, des rassemblements de plus en plus violemment réprimés, ont lieu en Libye. Or, les réseaux télécoms sont régulièrement bloqués comme le montre ce graphique et les journalistes ne peuvent que difficilement aller sur le terrain. Les canaux satellites de la chaîne Al Jazeera sont eux aussi brouillés de façon récurrente, à tel point que le 21 février, a été lancé un message sur Twitter autorisant la rediffusion de ces images pour qui pouvaient la capter. Et des captures d’écran des images de la chaîne sont ainsi retransmisses sur Internet particulièrement les plus sanglantes et dramatiques d’entre elles montrant les blessés et les tués.
Malgré cette volonté d’isoler le pays des voix de communication, des images frappantes de manifestants tués par balles et des témoignages clamant le massacre qui a lieu en Libye ont peu alerter l’opinion publique internationale.
Et c’est donc encore une fois par l’intermédiaire des images prises depuis les téléphones portables que l’on a pu connaître l’ampleur de la violence meurtrière de la répresssion. Différents sites rassemblent et relaient les vidéos mobiles comme Youtube et le compte Save Libya par exemple mais aussi Crowdvoice, fondée par Esra’a Al Shafei, une activiste âgée de 24 ans vivant à Barheimou encore Alive in Libye, aidé par l’agence de presse indépendante Small News World. Un site posterous Arab Revolution agence également vidéos photos de Libye après avoir publié les images des révolutions tunisiennes et égyptiennes.
Ce sont aussi des témoignages sonores qui sont émis via le service Audioboo, qui permet de poster des messages enregistrées par téléphone sur internet via le réseau de téléphonie mobile. Le compte pour entendre à ces témoignages et récits baptisé « feb13voices » est aussi sur Twitter et @feb17voices relaie vidéos et témoignages visuels sur les massacres de Libye. Des cartes réalisées avec la fonctionnalité Google Maps ont également été créées notamment par un activiste iranien à partir des rapports postés sur Twitter dans le but de localiser sur la carte du monde les violences contre les manifestants « pro-democracy », à la manière du dispositif de cartographie Ushaihidi pour l’Egypte.
Des initiatives mises en place en Egypte comme le « Twitter phone » avec Google Voice ont repris du service avec des numéros de téléphones spécifiques et communiqués par le biais de tweets comme ici.
Suivant le même mouvement de solidarité technique transnationale que les révolutions tunisiennes et égyptiennes ont suscité, des tech savvy comme disent les anglo-saxons, histoire d »échapper au folkore hacker, ont mis en place des accès internet par modem, comme le fournisseur indépendant d’Amsterdam XS4ALL. Des hackers revendiqués comme Télécomix ont confectionné une nouvelle page de leur wiki « We rebuild« , constitué après le black-out égyptien du 28 janvier 2011, consacrée cette fois à la Libye avec un ensemble de ressources communicationnelles comme les numéros de modem, les réseaux satellites d’Al Jazeera, des sites miroirs pour conserver les vidéos mobiles des violences etc.
On peut noter ici une dimension de générativité propre à l’architecture encore ouverte d’Internet comme le définit le juriste Jonathan Zitrain dans ces différentes mobilisations politiques soutenues par la technologie. En effet, il semble que sur ce réseau ainsi architecturé de façon transnational avec des services open source, il soit encore possible de répliquer et mashuper les différents répertoires d’action de soutien logistique.
Ainsi d’un hashtag l’autre, les révolutions dialoguent par l’intermédiaire des comptes Twitter avec des retweets de solidarité, tel le compte Twitter @25janvoices, créé pour passer outre le black-out égyptien, passant des informations sur la Libye retweetées par le compte du @feb17voices dédié au mouvement libyen. La timeline publique devient ainsi le carrefour des espaces contre-publics, permettant la convergence des protestations.
On peut observer en conclusion que le mobile est devenu l’outil de prise de vues et de sons le répandu dans le monde -77% des téléphones vendus cette année étaient équipés d’un caméraphone. Images et voix qui seront ensuite relayés et transmis sur le réseau Internet. Les vidéos mobiles renvoient à des points de vue indexicaux n’ayant de sens et de crédit que parce filmés dans le ici et maintenant des manifestations. Les multiples flous et bougés confèrent un caractère de factualité incontestable à des images enregistrées par le biais de cette technologie qui fait corps avec les témoins, acteurs et victimes des répressions. Leur collecte systématisée sur différents sites produit un mouvement de changement d’échelle qui leur confère une dimension universelle.
L’ingéniosité technique de tous ceux qui s’acharnent à vouloir faire résonner le cri du peuple libyen massacré et combattre le black-out des réseaux de télécommunications ne doit pas faire oublier leur exposition même à tous les censures possibles. Dans ce contexte dramatique, des initiatives pour un internet à la fois décentralisé et sécurisé ont repris toute leur actualité comme celle d’Eben Moglen, co-fondateur de licence des logiciels libres GPL et sa Freedom Box, pour laquelle un appel à financement a été lancé.
Le téléphone mobile comme couteau suisse de la place Tahrir
Comme le rappelle Ramy Raoof dans cet article sur le rôle des télécommunications dans la révolution égyptienne, après le black-out du 27 janvier, internet et mobile ont été peu à peu réactivés. Beaucoup d’analystes mettent en avant la corrélation comme facteur accélérateur de la chute de Moubarak entre la forte proportion de jeunes dans le pays et leur fort taux d’équipement en technologies de communication dont essentiellement en téléphone portable, soit 30% de la population équipé à plus de 40% en mobile contre plus de 20% ayant accès à Internet. D’autres hypothèses mettent en avant combien c’est la décision de black-out des réseaux télécoms du 28 janvier 2011 prise par Moubarak qui a pu catalyser l’engagement de certains jeunes égyptiens aisés, comme cet ingénieur télécoms cité dans cet article du New York Times : “Frankly, I didn’t participate in Jan. 25 protests, but the Web sites’ blockade and communications blackout on Jan. 28 was one of the main reasons I, and many others,were pushed to the streets.” A noter également que l’Egypte fait partie des pays dont l’accès à Internet s’effectue d’abord par le mobile. Une récente étude a mesuré par exemple que dans ce pays, 70% des navigateurs étaient « mobile only », c’est à dire n’étaient jamais utilisés sur un ordinateur.
De fait, en plus du rôle crucial dans la diffusion transnationale en direct des images de la révolution égyptienne, de la chaîne Al Jazeera comme l’illustrent ces quelques données chiffrées, c’est également grâce au livestreaming par mobile qu’il était possible de suivre les grandes manifestations filmées en direct par les manifestants mêmes sur le site Bambuser notamment.
La force organisante de la téléphonie mobile a été également éprouvée lors des appels à manifestations et ce parfois en détournant certaines fonctionnalités et usages. Comme l’a rapporté ce jeune égyptien interrogé par la radio française France Inter le 04 janvier 2011, qui racontait comment entre deux coupures récurrentes des réseaux télécoms et de la désactivation de textos, il s’était aperçu en testant « comme ça » que des services comme celui de la messagerie instantanée des smartphones de la marque BlackBerry, connue sous le nom de « tchat BBM », fonctionnaient encore à sa grande surprise et qu’il l’avait utilisé pour donner des points de rassemblement.
Sur la place Tahrir, c’est une guérilla technologique adaptative qui a été menée notamment autour de ce hub improvisé rassemblant des cinéastes et informaticiens de profession.
Il a fallu aussi prosaïquement résoudre les problèmes de recharge de batterie et pour cela comme l’indique ce tweet, certains ont pensé à dérouter les lignes électriques des éclairages publics de la place.
On a beaucoup parlé de la place de Twitter comme espace contre-public d’information et de mobilisation internationale dans cette révolution, il a joué également via le service connexe de publication de photos prises par les mobiles, une fonction de diffusion d’images des manifestations mais aussi de la vie quotidienne pendant l’occupation de la principale scène d’action, comme cette photographie montrant une séquence de recharge de portable, le nerf de la guerre technologique.
Un autre usage inattendu du téléphone mobile dans ses fonctionnalités d’appareil photographique a surgi au moment des charges violentes contre les manifestants à dos de chameau et de l’infiltration par des policiers de la foule rassemblée le 2 février 2011. Les images de la chaîne Al Jazeera montraient l’arrestation de ces milices paramilitaires par des manifestants qui ont photographié avec leur mobile les cartes de police de ces agents. On peut retrouver ces dernières sur un set de photos postées sur Flicker ces cartes de police ainsi photographiées et collectées sur le site à la date du 2 février 2011.
Pendant ce temps là, la télévision française, tel ce reportage d’Envoyé Spécial du 3 février 2011, filmait les mobiles des manifestants et de leurs vidéos, comme nous l’avions vu faire pour la Tunisie et mentionné dans notre précédent article.
Et depuis, un nouveau genre webovisuel a même été consacré avec l’entrée en scène des « curateurs » (sic), c’est à dire d’agenceurs professionnels de playlists de vidéos ou de tweets révolutionnaires, tels que Storyful sur Youtube ou Andy Carvin sur Twitter. On peut également visionner une grande collection des vidéos de la révolution sur le site « Iam#25jan » réalisé après la chute de Moubarack.
Plus sérieusement, on a donc pu constater que du modem au satellite, du fax au twitter phone, de la traditionnelle distribution de tracts à la présence physique dans la rue malgré la répression, ce sont à la fois toutes les technologies anciennes et nouvelles mais aussi les répertoires d’action de l’émeute au cryptage des communications, qui sont entre les mains des égyptiens, dont l’action courageuse n’appartient qu’à eux-mêmes mais dont nous pouvons être, en tant que citoyens solidaires, les soutiens actifs en partageant avec eux arsenal d’action et histoire de l’émancipation. Et qui aura soutenu les manifestants jusqu’au départ de Hosni Moubarak le 11 février 2011.
Au sujet de l’immense réussite de la « marche » du 1er février 2011 dont l’objectif était de rassembler un million de personnes pour faire céder le président Moubarak, on a pu entendre cette désormais litanie : la révolution s’accomplit grâce aux sites de réseaux sociaux. De fait, l’opposition égyptienne s’organise depuis de nombreuses années par l’intermédiaire des blogs et de comptes Facebook, comme le représente de façon emblématique le « Mouvement 6 avril » issu de la première mobilisation contre Moubarak sur Internet. Internet dont l’accès concerne 20% de la population. Ce mouvement a également utilisé le mobile pour mettre en place un réseau d’alerte et conseil juridique en cas d’arrestations. Mais en raison du blocage des réseaux de télécommunications Internet et mobile par le gouvernement deux jours après la manifestation de masse contre le régime du 25 janvier 2011, le rôle joué par Twitter et Facebook ne peut être comparé à celui qu’il aurait pu avoir dans la révolution tunisienne, ce que notre courte étude sur les vidéos mobiles laisse entrevoir.
Quand le web 2.0 est coupé, les anciennes technologies reprennent du service.
En effet, un fait relativement rare dans l’histoire des mobilisations politiques instrumentées par les TIC est advenu le 28 janvier 2011 : le blocage total d’internet et du téléphone mobile. L’annonce du black out égyptien s’est diffusée très rapidement notamment sur Twitter via des messages affiliés au hashtag #jan25, configurant un espace contre-public sur la timeline du site comme cela avait été déjà le cas en juin 2009 en Iran. Et dans un mouvement assez comparable à la « guerre des proxies » qui avait pu être observée lors des manifestions post-électorales iraniennes, s’en est ensuivi un mouvement de solidarité technique transnational. Cependant, en raison même de la coupure d’internet et des réseaux mobiles, et ce malgré leur importance vitale pour l’économie égyptienne – la coupure ayant couté une perte de 18 millions par jour – comme l’illustre ce schéma de la disparition progressive de l’activité du FAI Noor, qui pourvoie en connexion au réseau les plus grandes institutions bancaires du pays, ce ne sont pas tout à fait les mêmes technologies qui ont été utilisées en Iran ou en Tunisie et en Egypte.
Dans ce cas précis, ce n’est pas uniquement le Web 2.0 qui a outillé la mobilisation et l’organisation mais d’abord la téléphonie fixe – 10 millions de lignes fixes. Comme le montre cette page de wiki « We rebuild/Egypt » créée par un groupe de hackers suédois, Telecomix, dont par ailleurs les référents peuvent être à bon escient discutés, un accès à internet était proposé en Egypte via les lignes de téléphonies fixes et les anciens modem dès l’annonce de la coupure du 27 janvier. Cet accès 1.0 d’internet a été également proposé par un fournisseur d’accès associatif français, FDN. Au Liban, le même jour, c’est un numéro de téléphone qui permet d’effectuer des récits vocaux postés sur Internet qui était aménagé. Google depuis le 01 février a créé une sorte de Twitter phone qui permet d’envoyer, via son service téléphonique gratuit Google Voice, des messages qui sont tweetés sur le compte http://twitter.com/speak2tweet. Un dispositif de traduction crowdsourcée a été mis en place pour que les messages téléphoniques soient lisibles dans différentes langues. Un appel aux radios amateur a été également lancé dès le blocage du 27 janvier par le groupe hacktiviste Telecomix. Une opération de diffusion par fax de câbles diplomatiques, divulgués par l’organisation Wikileaks, et mettant en cause les relations entre l’Egypte et les USA, a été préparé par un autre groupe hacktiviste, Anonymous, auprès des étudiants égyptiens à l’instar des campagnes de fax lors des manifestations sur la place Tian’anmen de 1989. Le groupe des Anonymous devenu célèbre pour les attaques de serveurs d’organismes financiers refusant les dons pour aider Wikileaks a réitéré l’annonce d’attaque de sites gouvernementaux égyptiens également le 28 janvier 2011. Utilisant le très controversé logiciel LOIC, comme l’a expliqué Olivier Blondeau lors d’une conférence commune au Symposium « Que Faire? », organisée le 1er décembre à Beaubourg par Le Peuple Qui Manque, les Anonymous, tout comme Telecomix, agissent sous couvert d’anonymat avec parfois des outils peu fiables au plan de la confidentialité, exposent les individus participants à cette action à des répressions futures possibles sans engager plus avant leur propre responsabilité. Pour éviter la prolifération d’un pseudo hacktivisme non basé sur la confiance entre pairs, au fondement du fonctionnement socio-technique d’internet, Olivier Blondeau a suggéré l’utilisation de dispositifs plus safe au plan de la sécurité informatique comme TOR, qui permet d’anonymiser ses communications par le truchement d’un proxy mais aussi de reverser une adresse IP anonymisée à la communauté des internautes censurés. Dans le cas de l’Egypte et des blocages récurrents d’Internet depuis le mouvement du 25 janvier et bien auparavant, TOR a lancé une campagne de financement d‘accès à Internet par satellite.
Beaucoup de commentaires ont été écrits au sujet de la révolution tunisienne de janvier 2011 qui a conduit à la fuite de Ben Ali. Des readers sont déjà disponibles compilant les billets de ceux qui voient là une révolution Twitter, Facebook ou tout simplement humaine dans la révolution de Jasmin.
Une semblable rhétorique a repris de plus belle au sujet des manifestations du 25 janvier et des jours suivant en Egypte jusque black out du pays le 27 janvier 2011 mettant les réseaux de télécommunications mobiles et internet hors d’usage par censure gouvernementale. A partir de ce moment, il est devenu totalement vain d’invoquer une quelconque Twitter Révolution.
Dans un cas comme dans l’autre cependant, les technologies d’expression et de communication ont outillé les mobilisations à la fois sur place mais également dans des témoignages de solidarité internationale sans que l’on puisse décemment les substituer au courage physique des manifestants allant affronter la répression et sa violence sanglante dans les différentes villes des pays concernés. A noter que c’est du point de vue d’un observateur contemporain que ces quelques hypothèses sont rédigées dans cette expérience d’ubiquité située que rendent possible les technologies d’expression informatisées et mobiles
Flash Back sur la Révolution Tunisenne : mises en scène télévisuelles des vidéos mobiles ou la « télévision du peuple » dans les journaux télévisés français.
Sans revenir sur les nombreux textes écrits sur le rôle des sites de réseaux sociaux Facebook et Twitter notamment à travers l’espace contre-public agencé autour du hastgag #sidibouzid, je voudrais m’attarder sur la médiatisation des événements de Tunisie à la télévision publique française, une source d’information officielle.
Bien évidemment, l’image dite « amateur » a droit de citer depuis de nombreuses années dans l’information télévisuelle avec la consécration du scoop amateur comme le tabasage de Rodney King en 1991. On repère un usage traditionnel de ces images dans les premiers reportages de France 2 sur la révolution tunisienne des vidéos montrant les blessés et les morts, dont celui du 20h du 11 janvier dans la ville de Kasserine.
Selon le journaliste, ces images lui ont été confiés par les manifestants et elles sont montrées dans le reportage avec la mention « vidéo amateur ». De fait, les seules sources d’images quand les journalistes français arrivent sur place, sont celles des tunisiens eux-mêmes, comme l’explicite cette journaliste d’une autre chaîne parlant de » mini-vidéos filmées par des téléphones portables ».
Mais par la suite, ce est frappant, et ce que peu de commentateurs du web ont perçu, pressés qu’ils étaient de vendre leur expertise sur les réseaux sociaux, c’est la façon dont pour l’une des toutes premières fois, les caméramen ont utilisé ces vidéos mobiles comme source d’images en tant que telles, brutes, fiables, légitimes. Peu à peu, en effet, les reportages notamment ceux de Philippe Rochot, entremêlent les images filmées par des habitants par téléphone mobile, reconnaissables à leur caractère flou et bougé comme ici le 13 janvier 2011 pour le JT du soir .
Lors du résumé de la journée du 14 janvier 2011, la séquence de reportage sur place présentait des plans rapprochés (à partir de 3mn 57) sur des téléphones mobiles filmant le même manifestation du même point de vue que celui des journalistes.
Cette séquence est emblématique de l’égalité des positions en ces moments là entre journalistes et citoyens. Sur cette échelle de la place prise par les vidéos mobiles dans la médiatisation de la révolution tunisienne, on peut encore prendre le cas extrême où le caméraman filmait le téléphone lui-même diffusant la vidéo d’une manifestation ou d’un pillage d’une des propriétés de la famille Trabelsi. On voit bien en effet que cette révolution a été filmée depuis les téléphones mobiles par exemple à travers celles qui ont été collectées par le site de l’opposition tunisienne Naawat ou sur celles qui étaient envoyées sur Youtube. Une version de l’histoire de cette première vidéo d’hommage à Mohamed Bouazizi racontée par la chaîne Al Jazeera rapporte qu’elle a été mise sur un compte Facebook et qu’elle aurait commencé à circuler sur internet.
De par leur durée ou leur format d’encodage, on peut penser que c’est par le biais de MMS qu’elles ont aussi circulé même si cette hypothèse se doit plus empiriquement vérifiée. D’abord entre les individus, leurs proches pour être parfois postées sur le posterous de Nawaat ou sur le site de partage vidéos YouTube. Ce circuit de diffusion des images de proche en proche puis à une échelle plus globale n’a pas manqué d’être accompagné de conversations et de susciter des commentaires, comme une enquête en cours doit nous permettre de le confirmer.
On peut s’appuyer ici sur des études qui, en leur temps et sur d’autres sujets, comme celles de Marc Relieu et Julien Morel dans le °21 « Culture Numérique, Cultures expressives » de la revue Médiamorphoses ou de Joëlle Menrath et Anne Jarrigon les Usages du mobile en France ont mises en évidence comme le rôle « d’amorces conversationnelles » des photos et vidéos mobiles ainsi que « l’effet visionneuse » impliqué dans les fonctionnalités du mobile. Ces interactions interpersonnelles autour d’images à partager qu’organise le support du téléphone mobile à la fois caméra et écran ont sans doute également nourries la mobilisation de ressources factuelles (images de répressions, de foule massivement rassemblée…). On peut également poser l’hypothèse que les pratiques de transfert, utilisant les cartes mémoire des téléphones par exemple pour s’échanger des vidéos, que nous avons observées par ailleurs dans notre ouvrage Mythologie du portable, ont aussi permis aux images des violences et des manifestations de se propager, dans différentes régions du pays. A noter que la Tunisie venait, depuis septembre 2011, de passer en réseau 3G, ce qui rendait l’envoi des vidéos par MMS notamment aux proches plus éloignés désormais possible. Avec 7 millions d’abonnés à la téléphonie sur une population de 10 millions et 36% des habitants accédant à Internet, les usages du mobile peuvent atteindre une masse critique notamment dans la circulation de photos et vidéos. Le site de l’opposition Nawaat a été alimenté, durant la séquence révolutionnaire menant à la fuite de Ben Ali, jour par jour de ces vidéos mobiles comme on peut encore les visionner encore sur cette page. Il a fait office de « télévision faite pour et par le peuple » tournant les images de sa révolution avec l’outil de prise de vue le plus populaire dans le monde désormais, le caméraphone dont plus de 500 millions ont été vendus dans le monde en 2010. La mise en scène du mobile comme couteau suisse de la révolution tunisienne atteindra son apogée quand Serge Moati lit un SMS d’une amie tunisienne lors du direct du JT suite au la fuite de Ben Ali le 14 janvier 2011.
A noter que La Library of Congress et la Bibliothèque Nationale de France ont depuis archivé et déjà divulgué une collection de milliers de vidéos sur ce qui a été appelé sans unanimité « la révolution de Jasmin ».
Ce traitement des vidéos tournées par les manifestants eux-mêmes avec leurs propres moyens de prise de vue par les journalistes semble illustrer un changement de paradigme dans les rapports des professionnels de la télévision aux images dites amateur. D’abord catégorisées comme telles dans les premiers reportages, quand les images se faisaient rares, elles ont été intégrées dans la matière audiovisuelle sans plus de mention explicite. Mais de fait, il ne viendrait à personne, de façon décente, de qualifier les citoyens tunisiens qui ont accompli une révolution exemplaire « d’amateurs de politique » – mis à part certains sociologues français – et par conséquent le film de cet événement historique de « film amateur ».
En divulguant les télégrammes diplomatiques des ambassades des USA à travers le monde, Wikileaks a pris a contrepied la politique de la transparence prônée par Obama – dont nous avons montré notamment les applications dans le domaine de la téléphonie mobile et des applications dites civiques – mais aussi, on le sait moins, par Hilary Clinton. Cette dernière, en effet, exporte également cette problématique dans une diplomatie qualifiée de Smart Power. Dans le cadre de cette diplomatie de la transparence, le mobile est utilisé comme un outil privilégié avec par exemple des actions de surveillance des élections organisées par sa propre ambassade en Guinée ou par le soutien des fondations américaines comme celle du fondateur d’Ebay à des réseaux militant pour la tranparence gouvernementale dans le monde. L’objectif de ces actions notamment en Afrique subsaharienne est d’en finir avec l’impunité et de responsabiliser les gouvernements afin de stabiliser les démocraties émergentes en Afrique pour in fine y investir pour son développement. Voici donc le contexte en ce qui concerne le rapport entre transparence et mobile. D’autres axes sont traités – qui se rapportent à nos autres travaux sur les relations entre culture et politique – dans ces slides, telle la dimension de mise en scène dans les différentes phases d’action de Wikileaks, que nous traitons comme une superproduction transmédia dont chacun peut être le héros. Bonne lecture de ces slides et de la transcription de la conférence dans les commentaires par ici.
Certains considèrent le mBanking comme relevant d’une innovation disruptive, au sens où il aura permis un accès à des services bancaires à des populations rejetées par les institutions bancaires dans les pays en développement.
M-PESA, le modèle à suivre
M-PESA créé en 2007 par Safaricom, Western Union et la Fondation Vodafone, est souvent cité en exemple puisqu’il concerne désormais 57% de la population du Kenya. Alors qu’en moyenne en Afrique 5 à 10% des ménages possèdent un compte en banque selon un rapport de l’IFRI publié en 2010 , M-PESA en compte 10 millions parmi les 18 million d’abonnés au mobile dans le pays. Allié à la banque Equity et à la chaine de magasins et détaillants Uchumi et Naivas, M-PESA développe désormais des service au croisement de différents secteurs de la finance et du commerce. Ce service, aidé par les Fondations Vodafone et Rockfeller ainsi que Western Union, devenu paradigmatique en matière de mBanking se trouve répliqué dans le monde.
Ainsi, depuis l’automne dernier, à Haïti est proposé par la fondation de l’opérateur Digicel, qui touche un quart de la population, un service de dépôt et de transfert d’argent Tcho Tcho Haiti à quelques 20 000 personnes pour l’instant. Un autre opérateur haïtien Voilà en partenariat avec l’agence d’aide internationale Mercy Corps, via un programme du gouvernement américain, a mis au point un compte en banque mobile allouant 40$ de crédit par mois afin d’acheter de la nourriture. Fonctionnant sur une base du Unstructured Supplementary Service Data, c’est à dire une fonctionnalité de messagerie instantanée des téléphones GSM, et non par SMS, ce service permet d’effectuer des achats grâce à l’envoi d’un code sécurisé au commerçant permettant le débit de l’acheteur comme le décrit ici l’une des membres du projet à un célèbre journaliste du New YorK Times, Nicholas D. Kristof.
Entre philanthropie et capitalisme, le rôle des fondations télécom
A noter que ce sont souvent les fondations des opérateurs mobiles qui ouvrent de tels services. Cette hybridation de la philanthropie avec l’un des secteurs économiques les plus en croissance est tout à fait typique également dans le cas de l’investissement de la Fondation Bill Gates dans le mHealth. Ce tournant philanthropique du capitalisme permet d’associer affaires et humanitaire, de conjuguer aide au développement avec croissance économique. Il a ainsi pour conséquence dans le cas de Bill Gates d’accroître son portefeuille de brevets en matière de santé de manière tout à fait conséquente. Et de fait, de nombreux projets philanthropocapitalistes associent la téléphonie mobile, en tant qu’elle est la technologie la plus présente dans le monde avec 5 milliards d’abonnés et représente un potentiel économique important. Ce rôle omniprésent dans la société et l’économie africaines des donneurs venus des USA notamment est critiquée dans une publication de novembre 2011 au titre évocateur : « The revolution will be not funded«
Parmi les usages « humanitaires » de la monnaie mobile, nous avons parlé dans un précédent article « Mobile et santé dans le monde » de l’usage de la monnaie mobile dans les programmes d’aide alimentaire en Syrie par voucher SMS ou au Niger au printemps dernier, permettant aux populations d’acheter elle mêmes la nourriture là où elle se trouve.
Des innovations portées par les usagers
Il existe d’autres croisements entre humanitaire, santé et monnaie mobile comme par exemple cette entreprise individuelle développée au Kenya, Mamakiba, qui propose aux femmes enceintes des bidonvilles de Nairobi de pouvoir accoucher dans une clinique en épargnant pendant 9 mois la somme nécessaire. L’argent économisé est versé sur un compte M-PESA et c’est par SMS que le montant du versement et le solde du compte sont notifiés. L’idée de ce service croisant mHealth et mBanking est venu au fondateur en observant que certaines femmes n’accouchaient pas en clinique faute de disposer sur le moment de l’accouchement de la somme nécessaire à payer. Ce service fonctionne comme un « calculateur d’économies » pendant 9 mois et est associé à une social venture du nom de Jacaranda, qui déploie un programme de santé à destination des femmes enceintes. Lorsqu’un compte d’épargne mobile est ouvert pour les frais de clinique, les femmes devraient aussi se rendre aux quatre visites pré-natales prévues par l’OMS.
Cette initiative privée d’épargne santé a été récompensée en octobre 2010, à l’occasion du concoursApps4Africa, soutenu notamment par la Secrétaire d’Etat Hilary Clinton qui a félicité par l’intermédiaire de YouTube les vainqueurs. Cette « application », qui pose de nombreuses questions sur l’état des systèmes de santé publics dans le monde rappelle également comment des services financiers et commerciaux peuvent venir d’usagers du téléphone mobile. C’est en tout cas la thèse du chercheur du MIT Eric Van Hippel, qui a travaillé dans Democratizing Innovation (2005) sur les innovations apportées par les usagers, les « innovations horizontales » sur Internet comme le MP3 par exemple. Il s’est penché depuis sur les utilisateurs comme « innovateurs de service » à propos des secteurs bancaire et du commerce. Selon lui, de nombreux services peuvent être produits par soi-même. Et étant donné que les utilisateurs peuvent produire par eux-mêmes un service (self-provided) dans de nombreux cas, il est également possible pour les utilisateurs d’innover dans pour les services qu’ils peuvent produire par eux-mêmes ». Dans un article co-écrit avec Pedro Oliveira, sont étudiés une quarantaine de cas de services inventés par les utilisateurs dans le domaine commerciale ou bancaires et dans 85 % des cas se sont des services non offerts par les banques. Et les cas de telephone banking selon l’appellation des auteurs en font partie.
Entre initiative personnelle et philanthropocapitalisme, la chaine des innovations autour du mBanking et de la monnaie mobile reste donc à suivre pour comprendre les formes et enjeux de la mondialisation contemporaine.