L’ouvrage collectif « Ecologies du smartphone » coordonné par Laurence Allard, Alexandre Monnin, Nicolas Nova, aux Editions du Bord de l’Eau est paru depuis le 18 mars 2022.
Le numérique est le plus souvent présenté sous un jour immatériel et cependant son empreinte écologique est de plus en plus prégnante. La fabrication et les usages du smartphone, qui matérialise les pratiques digitales pour le plus grand nombre, s’avèrent à la fois énergivores et impactant au plan environnemental et plus encore supposent l’exploitation d’enfants et de travailleurs pauvres pour l’extraction minière de terres rares, métaux et minerai le composant. A moyen terme, le smartphone dont la 5e génération s’impose aujourd’hui, semble destiné à devenir une « technologie zombie » (José Halloy) et peu durable. Géo-physiciens, artistes, philosophes, designers, sociologues, architectes et juristes partagent leurs savoirs et pratiques afin de fournir un ouvrage en français qui propose : (1) une vision d’ensemble de ses problématiques et tensions, (2) sur la base d’un ensemble de travaux théoriques, d’enquêtes ou de production artistiques/de design. Le tout avec un positionnement mélioriste qui cherche à dépasser un positivisme technologique béat et un pessimisme techno-critique simpliste.
L’ouvrage présente à travers des approches multidisciplinaires (sociologie, géo-physique, design, philosophie, architecture) les facettes plurielles du problème écologique posé par le smartphone.
Ouvrage dirigé par :
Laurence Allard est maîtresse de conférences en Sciences de la communication, Université Lille/IRCAV-Paris3 et co-fondatrice du groupe de recherche « Mobile et Création ». Elle développe une approche socio-sémiologue des cultures numériques depuis de nombreuses années.
Alexandre Monnin est le directeur du MSc « Strategy & Design for the Anthropocene », co-fondateur de l’initiative Closing Worlds, directeur scientifique d’Origens Medialab et Enseignant-Chercheur en école de management (ESC Clermont BS).
Nicolas Nova est professeur associé à la Haute-Ecole d’Art et de Design (Genève), où il enseigne l’anthropologie des cultures numériques, l’ethnographie et la recherche en design.
SOMMAIRE
Introduction : Écologies du smartphone : sur les traces de l’extraction et au delà par Laurence Allard, Alexandre Monnin, Nicolas Nova.
- Technosphère et Biosphère
1.1 Alexandre Monnin, Le numérique comme nouveau processus de biosphérisation.
1.2 Matières, énergies et technologies zombies : les nouveaux défis du tableau périodique. Entretien avec José Halloy,
1.3 Francis Chateaureynaud et Josquin Debaz, Alternatives métrologiques. La critique des «solutions » numériques et la fabrique de prises collectives.
2. Numérique et décolonialité
2.1 Laurence Allard, Techno-critique, écocritique, faire-critique du smartphone. Pour un numérique décolonial.
2.2 Génération Lumière : une association pour la justice environnementale. Entretien avec David David Maenda Kithoko.
2.3 Un narratif à situer. Entretien avec Sara Creta.
2.4 François Huguet, Jeux de ficelles sans-fil à Motown. Les réseaux MESH de Détroit comme formes de lyannajismes numériques.
2.5 Yasmine Abbas, DK Osseo-Asare, Paysages Électroniques Mouvants.
2.6 Eleonore Hellio, Kongo Astronauts fait son « matolo » au bord de la piscine.
3. Réparation et re-création
3.1 Nicolas Nova et Anaïs Bloch, Clinique du smartphone, clinique des usages, clinique environnementale.
3. 2 Économie circulaire et équipement numériques. Entretien avec Erwan Fangeat.
3.3 Mobile Camera Club, Droit à la réparation.
3.4 De la reparabilité à la dispensabilité, Entretien avec le Repair Café 5ème.
3.5 Jerry Do-It-Together. Entretien avec Justine Hannequin, Xavier Auffret, Romain Chanu.
3.6 L’Internet des objets morts. Entretien avec Benjamin Gaulon et Jérôme Saint-Clair (The Internet of Dead Things Institute).
Pour conclure Yves Citton, Smartness de surveillance et intelligences d’improvisation : deux écologies du smartphone.
INTRODUCTION
« Mais les gens n’ont-ils pas toujours aimé vivre au bord de l’eau ? » (Amitav Gosh)
Dans un contexte écologique critique, cet ouvrage a pour objectif de considérer la dimension matérielle de la culture mobile[1] en lieu et place de la mythologie de l’intangibilité du numérique. Cette prise en compte de l’ancrage techno-géo-physique du smartphone suppose à la fois de prendre en considération des composants, des infrastructures, des mines, des centrales énergétiques mais également des usagers, des travailleurs, des recycleurs, des réparateurs et des créateurs. C’est pourquoi cet ouvrage se positionne résolument dans une perspective d’écologie décoloniale du numérique, qui déconstruit les logiques extractivistes et impérialistes sous-tendant son avènement et ses usages. Le cadre de pensée et d’action de ce livre peut se décrire en mobilisant un ensemble de termes qui décentrent le concept d’Anthropocène[2] qui s’est imposé pour caractériser notre ère bio-géo-physique tout en re-liant humains et non-humains, milieux et sociétés. Alliant le « Plantationocène »[3] d’Anna L. Tsing au « planétaire » de Dipesh Chakrabarty, en passant par le « cosmo-afrofuturiste » des Kongo Astronauts, les écologies du smartphone proposées ici se pensent dans une « pluriversité » épistémique (Escobar, 2012), qui cherche à rendre justice à la pluralité des entités, pratiques et récits qui les peuplent. Les méthodes expérimentées dans différentes initiatives créatrices ou réparatrices présentées par les auteur.ices[1] , qu’ils soient artistes, ingénieur.es, réparateur.es, chercheur.euse.s, activistes, tentent, dans cet ouvrage de renouer les deux faces de la culture mobile, le « dark mobile » – extractiviste et énergivore – et le « téléphone smart » – émancipateur et mobilisateur. Ces démarches expérimentales situées et multi-acteurs prolongent l’imaginaire des « jeux de ficelles »[4] chers à Donna Haraway, ces gestes spéculatifs du faire et « du défaire ensemble », au travers des praxis du « lyannaj » (Citton, Huguet), de « l’afrikologique » (Abbas, Osseo-Akare), de la « redignification »(Monnin, Landivar), ou du « contre-faire » (Allard, Nova).
Ce programme de recherche-(re-)création des écologies du smartphone se localise tant dans les mines du Congo RDC qu’au sein des ateliers de réparation de Genève, dans les rues de Kinshasa ou dans les quartiers ravagés de Detroit, et met en jeu tout autant le tableau des éléments périodiques que la dernière application mobile à la mode. Il concerne tout autant des sujets – littéralement – mineurs (enfants des mines, adolescent.es numéricien.nes) que des sujets minorés (habitant.es non connectés, récupérateur.es des déchetteries du Ghana, réparateur.es subalternes). L’ouvrage entremêle volontairement une diversité de voix/voies plaidant pour des écologies du smartphone sans hiérarchies ni socio-professionnelles, entre chercheur.euse.s et artistes, activistes et régulateur.ice.s ni disciplinaires, entre les sciences, les savoirs et les savoirs-faire. Articles académiques avec notes de bas de page, enquêtes au moyen des méthodes du design graphique, entretiens avec des associatifs de terrain… la pluralité des modes d’exposition des écologies du smartphone est ainsi rendue visible et lisible par la pluralité des formes de compte-rendus.
Les écologies du smartphone mobilisées dans cet ouvrage se déclinent suivant trois grands axes de recherche et d’(hack)ctions permettant de panser le numérique comme “technologie zombie” pour imaginer des “technologies vivantes” (Halloy) alignées sur une planétarité habitable :
1-Une recomposition des interactions/intra-actions entre Technosphère et Biosphère
2-Une décolonisation des conditions d’existence matérielle du numérique.
3-Une revitalisation des déchets, rebuts et autres rebuts de la culture mobile.
Technosphère et biosphère
Le physicien José Halloy, dans l’entretien publié dans la première partie de l’ouvrage, introduit la criticité du numérique, en rappelant que “les crises écologiques sont les conséquences des technologies actuelles qui chamboulent les cycles biogéochimiques et réduisent l’habitabilité de la Terre pour l’humanité. La question des techniques est une question centrale et fondamentale pour l’Anthropocène. « Le numérique en général et le smartphone en particulier, doit ainsi se concevoir comme relevant du monde de la matière et étant partie prenante de la biosphère qui se trouve menacée par le processus de numérisation du monde. Un processus dont le cheminement mortifère est au centre de l’article d’Alexandre Monnin dépliant combien “le projet sis au cœur du numérique ambitionne d’enrégimenter une trame élaborée sur le temps long et combinant l’action d’une multitude d’acteurs, trame qui définit la condition terrestre, pour matérialiser, en surcouche, une seconde trame, fondée sur un idéal de formalisation, l’ensemble étant piloté par les représentants d’une seule espèce, la nôtre, en excluant le reste du monde. Coup de force d’une ampleur considérable – ou rédhibitoire, si l’on prend acte de la contradiction qui l’anime : établir et maintenir un nouveau monde à partir de celui qui lui préexiste sans se soucier des conséquences sur ses conditions de subsistance. »
Les enjeux d’une biosphérisation du numérique s’avèrent cruciaux notamment pour les jeunes générations baignées dans la culture mobile. Leurs attachements au smartphone, devenus la porte d’entrée du monde numérique, sont encouragés par le capitalisme de plateforme, et rendus chaque jour plus intimes et âpres à contourner. Avec le risque de devoir connaître de nouvelles guerres, celles que José Halloy désigne comme les nouvelles « batailles du tableau périodique » : guerres pour le maintien d’un statu quo par ailleurs dévastateur, donc les conséquences sont désormais rendues visibles par les travaux des chercheuses et des chercheurs, des artistes et des lanceuses et lanceurs d’alerte.
Les interactions entre la Technosphère et la Biosphère sont également au coeur de l’article de Francis Chateauraynaud et Josquin Debaz qui mettent en visibilité l’apport de la “captologie citoyenne”[5] et des mesures citoyennes de pollution atmosphérique comme “une ouverture des futurs à partir de milieux d’expérience capables d’engendrer leurs propres prises collectives.”
Numérique et décolonialité : pour une écojustice multispécifique
L’un des moteurs de publication de l’ouvrage est d’avoir lu trop souvent cette colonialité du numérique abordée sous un mode métaphorique et socio-centrée, par les défenseurs des libertés numériques ou les pourfendeurs du « digital labor »qui plaident leur juste cause en arguant de la montée d’un « extractivisme des données ». En plus d’accabler l’objet smartphone et son caractère addictif comme le discours de panique médiatique nous y a habitué, c’est également le problème de l’extractif qui est soulevé au travers des multiples condamnations dont on l’affuble à propos des enjeux de collection de données. Ces deux maux nous semblent devoir pourtant être repensés dans une écologie du smartphone autant sensible aux attachements individuels et à leurs médiations sociales[6] que soucieuse de l’exploitation humaine et de la destruction environnementale. Notre hypothèse est que l’extractivisme, à appréhender continûment des données des utilisateur/trices aux minerais exploités pour les entreprises du numérique, ne renvoie pas seulement à une perte de la vie privée mais menace tout entier la viabilité de la vie terrestre tout en fragilisant toujours davantage les conditions d’existence des populations les plus pauvres et des plus fragiles.
L’invitation à décoloniser le numérique se réalise, dans une deuxième partie, à partir d’une triple critique : techno-critique, écocritique et faire-critique dans l’article de Laurence Allard, qui décline la pensée de l’écojustice multispécifique de Donna Haraway ainsi que sa méthode d’écofabulation sur le terrain des mobilisations contre le travail des enfants dans les mines du congo RDC ou encore des actions de surcyclage des déchets électroniques ou d’assemblage humain/non-humain emblématique d’un numérique « déparaillé ». Deux acteurs de ce terrain des mines du Congo RDC ont partagé leurs expériences et leurs actions. Le fondateur de l’association Génération Lumière, narre une enfance rendue invivable par les déplacements incessants causés par les violences dans la région du Kivu. Il a notamment participé à une campagne de sensibilisation sur les applications mobiles intitulée « No Congo No Phone ». Le beau nom de l’association « Génération Lumière » est partie prenante de ce mouvement « d’enlivement » – pour caractériser les nouvelles lumières nécessaires aux humanités environnementales. Sara Creta, journaliste, documentariste et volontaire pour Médecins Sans Frontières témoigne également des conditions d’existence des peuples des régions minières du Congo RDC et de ses actions pour une réappropriation des narrations par celles et ceux qui vivent et pâtissent de l’extraction de ces métaux indispensables à la fabrication des smartphones.
Autre terrain de lutte pour une « digital justice », la ville de Detroit qui a connu un effondrement économique en 2013 et dont certains habitants ont œuvré à restaurer des moyens de communication par le déploiement d’un réseau sans fil distribué dit « Mesh ». Ces actions sont appréhendées par François Huguet comme « un devenir-avec les autres » comme la nomme Haraway qui permet aussi de voir se dessiner concrètement les conditions d’un numérique plus éthique, plus inclusif, que l’on peut qualifier d’intérêt général (ou de « digital justice « si on reprend le vocable des Digital Stewards). »
Retour sur le continent africain pour suivre le cycle de vie d’un smartphone grâce à la présentation par Yasmine Abbas et DK Osseo-Asare. Leurs projets de fablab mobile dans la déchetterie d’Agbogbloshie à Accra (Ghana) concrétisent une vision alternative et non misérabiliste du déchet électronique comme ressource qui vise à transformer les rebuts du numérique dans le cadre d’un projet de « technologie appropriée » destiné à faire valoir le savoir-faire local et la participation de ses bénéficiaires. Leur projet AMP est un projet de « design justice », un modèle d’avenir orienté sur le faire, « afrikologique » plutôt « qu’afrofuturiste », qui donne la priorité à la production africaine des futurs par la consolidation des capacités existantes des communautés.
L’Afrofuturisme discuté par Yasmine Abbas et D.K Osseo-Asare se trouve revendiqué par le collectif d’artistes Kongo Astronauts qu’Eléonore Hellio a co-initié avec Michel Ekeba. Elle rappelle la situation qui a permis l’émergence de ce collectif, improvisant une combinaison d’astronaute faite de déchets de colombite-tantalite, ce fameux coltan extrait dans des conditions inhumaines, pour animer une soirée VIP à destination d’un groupe de téléphonie mobile à une époque où la connectivité était – et reste – limitée. Depuis, écrit Eléonore Hellio, « nos images se disséminèrent au-delà des frontières que l’Astronaute rêvait de traverser… La rumeur qu’un astronaute congolais avait atterri dans un des épicentres du brutalisme se propageait. » Le collectif Kongo Astronauts rayonne dans ce mouvement de l’Afrofuturisme dans lequel « le cosmos est ce qui nous rend étrangers à nous-mêmes. »[7] (Neyrat, 2021).
Réparation/récréation : de la remise en état au réemploi créatif
Sur la base des constats décrits dans les deux premières parties, la troisième section de cet ouvrage aborde l’écologie du smartphone à travers les usages du quotidien, par le prisme de sa dimension peut-être la plus concrète : la réparation. Car en regard des accusations d’obsolescence dont les objets numériques comme le smartphone font l’objet – et en parallèle aux propositions alternatives de modèles plus durables, comme ceux de la société hollandaise Fairphone – les pratiques plus ou moins officielles et expertes de remise en état du terminal et de ses composantes logicielles représentent la modalité d’action la plus manifeste de reprise en main de la non-durabilité quotidiennement manifestée du numérique. Les contributions de cette partie se penchent sur ce phénomène à l’importance croissante, en l’abordant sous de multiples perspectives, par des textes ou des entretiens avec des praticien.nes. D’abord en insistant sur les considérations concrètes associées aux pratiques, de la description des interventions dans les boutiques non-affiliées aux grandes marques, au moyen de l’enquête de terrain (Nova et Bloch), aux témoignages de Repair Cafés organisés dans le cinquième arrondissement à Paris. Egalement en illustrant les enjeux juridiques et réglementaires de ce domaine (Mobile Camera Club) ainsi que la place qu’ils occupent aujourd’hui (et occuperont demain) dans l’économie circulaire (Erwann Fangeat, ADEME). Mais aussi en soulignant comment des interventions techniques débordent du cadre de la réparation, par le développement de pratiques de réemploi des matières et de réutilisation créative (la communauté Jerry Do-It-Together et Internet of Dead Things Institute). Tout au long de cette partie, c’est tout un continuum qui se dévoile, de la simple remise en état à la réutilisation des dispositifs numériques et de leurs composants, de l’extension de la durée de vie des objets à leur seconde vie insérée dans des domaines et des usages différents de ceux pour lesquels ils avaient été conçus.
En conclusion, Yves Citton, dépassant les innombrables motifs de condamnation du smartphone, « nous enjoint à concevoir une écologie du smartphone qui dépasse le gaspillage actuel des ressources, le renoncement aux géants du numérique, et laisse germer une écologie de la réparation qui porterait non seulement sur nos smartphones mais aussi sur nos milieux de socialité et de vie dans leur ensemble. »
Remerciements
Laurence Allard remercie l’Institut de recherche sur le cinéma et l’audiovisuel de Paris Sorbonne Nouvelle et Guillaume Soulez pour l’aide financière à la publication de cet ouvrage ainsi que ses collègues du groupe “Mobile et Création”, Gaby David, Roger Odin, Laurent Creton qui ont oeuvré ensemble depuis une dizaine d’années à différentes collaborations éditoriales ou l’organisation de colloques. Merci à Alexandre Monnin et Nicolas Nova de m’avoir accompagné dans ce projet éditorial. Et à mes proches de leur patience et soutien.
Alexandre Monnin remercie Laurence Allard et Nicolas Nova pour leur soutien tout au long de la rédaction de cet ouvrage.
Nicolas remercie le Near Future Laboratory pour le soutien financier à cette publication.
Crédits :
Correction et préparation du manuscrit : Françoise Dufour (La Langagière)
Retranscription des entretiens : Marie-Eve Jaccaz, Nicolas Nova, Laurence Allard.
[1]La culture mobile désigne l’ensemble des pratiques, des contenus, des acteurs, des scènes d’usages, des actants et normes socio-techniques lié à la téléphonie mobile et au smartphone. Cf à ce sujet les travaux de Laurence Allard au sein du groupe de recherche “Mobile Création” de l’Ircav-Paris 3 Sorbonne Nouvelle, Laurence Allard, Express Yourself 3.0 ! Le mobile comme média de la voix intérieure », in Laurence Allard, Roger Odin et Laurent Creton (dir.), Téléphone mobile et création, Paris, Armand Colin, 2014 et Laurence Allard, « Partages créatifs : stylisation de soi et appsperimentation artistique », Communication et langages, no 194, p. 29-39, 2017.
[2] Le terme d’ Anthropocène renvoie à au nom d’époque de l’histoire de la Terre qui a été proposée pour caractériser l’ensemble des événements géologiques produits depuis que les activités humaines ont une incidence globale significative sur l’écosystème terrestre
[3] L’expression de « Plantationocène », substitut au trop univoque « Anthropocène », désigne l’ère géologique actuelle, qui débute lors de la colonisation des Amériques, et de l’économie de plantation qui en a résulté, marquant de manière irrémédiable la biosphère et le climat.
[4]Les jeux de ficelles ou « string figures » chez Donna Haraway renvoient à des figures de pensée élaborées avec d’autres en collectif tels ces jeux à deux mains où il s’agit de tisser des fils et composer des motifs à faire et à défaire. Elle décrit ainsi cette méthode et la visée de recherches coopératives et créatives : « les jeux c’est s’inscrire dans le jeu de qui donne et reçoit des motifs, en abandonnant des fils et en échouant, mais parfois en trouvant quelque chose qui marche, quelque chose de conséquent, peut-être même de beau et qui n’était pas là avant, quelque chose qui crée un relais de connexions qui importent ; c’est s’inscrire dans le jeu de raconter des histoires, les mains sur d’autres mains, les doigts sur d’autres doigts, des sites d’attachements sur et avec d’autres sites d’attachements ; c’est façonner les conditions d’une manière d’être florissante, mais limitée, sur la terre, sur notre globe. » Donna Haraway, Vincent Despret, Raphaël Larrère, « I. Jeux de ficelles avec les espèces compagnes : rester avec le trouble » dans Vinciane Despret éd., Les animaux : deux ou trois choses que nous savons d’eux (pp. 23-59), Paris, Hermann, 2014. https://doi.org/10.3917/herm.despr.2014.01.0023
[5] Cf. Laurence Allard, « L’engagement du chercheur à l’heure de la fabrication numérique personnelle », Hermès, no 73, p. 159-167, 2015.
[6] Antoine Hennion, « D’une sociologie de la médiation à une pragmatique des attachements : Retour sur un parcours sociologique au sein du CSI », SociologieS, Toulouse : Association internationale des sociologues de langue française, 2013.
[7] Frédéric Neyrat, L’Ange Noir de l’Histoire : Cosmos et technique de l’Afrofuturisme, Editions MF, Paris, 2021.