Crédits affiche Bea Fremderman & PAO Sorbonne Nouvelle
Colloque gratuit et ouvert à toutes et tous, publics curieux, étudiant.es, militant.es, scientifiques, journalistes, usager.es des technologies
« Time to start talking less about the technology for preventing global warming and more about the technology we’ll need to live with it. » (MIT Technology review, juin 2019)
Pour la huitième édition du colloque international du groupe de recherche « Mobile et Création » de l’IRCAV-Paris 3-Sorbonne Nouvelle, dans un contexte environnemental sinistré et de mobilisations dans lesquelles les smartphones jouent un rôle crucial pour témoigner visuellement et relayer l’information, nous avons pour visée de mettre en avant la nature matérielle de la culture mobile.
Ce sont les aspects géologico-techno-politiques des composants, des infrastructures et des usages qui seront mis à jour et débattus. La dimension ambivalente de la culture mobile sera dépliée en insistant sur sa face plus sombre, à savoir les aspects extractifs, énergivores, polluants et nocifs. Les crises humanitaires liées à l’exploitation de terres rares nécessaires à la technologie mobile (qui s’effectuent principalement dans les pays émergents et en développement) seront également abordées. En plus de documenter les controverses et conflictualités nombreuses que la culture mobile suscite depuis des années, en adoptant la méthodologie du « contre-faire » (Allard, 2015), le colloque comprendra des ateliers de recyclages et ré-usages en tout genre des déchets mobiles dans le cadre de groupes de travail associant designers, artistes et chercheur.e.s ayant oeuvré en France, en Afrique et dans le monde.
En s’attachant à la dimension matérielle de la culture mobile, il s’agit d’enrichir l’approche communicationnelle des usages et des contenus, en s’intéressant aux aspects géo-physiques des terminaux qui le rendent possible. Ce colloque a pour ambition de contribuer à développer une « écologie mobile » inspirée en partie de l’« écologie de l’attention », comme le propose Yves Citton. Une « écologie mobile » qui ne se contente pas d’accabler « l’addictif » comme le discours médiatique nous y a habitué, mais qui s’attaque également au problème de l’extractif.
Pour ce faire, il importe de déplier les conflictualités et controverses socio-techniques qui animent la problématisation écologique de la téléphonie mobile. Les jeux d’acteurs en présence, dans le domaine des relations entre environnement et téléphonie mobile, font intervenir tout autant des chercheur.es en sciences du vivant et sciences humaines, des régulateurs des autorités administratives, des associations humanitaires ou de techno-luddites, des designers et des makers. Il nous importe également de prendre en compte ces différents mondes et leurs membres afin d’élargir le champ de compréhension des enjeux du mobile sur une planète « endommagée » (Haraway, 2016).
Le colloque a donc pour ambition de mettre à jour la face quelque peu sombre de la culture mobile. De manière à rendre compte de l’ampleur de la problématique écologique du mobile, nous souhaitons saisir ce dark mobile dans les dynamiques de la conflictualité et de la controverse, mais également les tactiques de réparation et les stratégies de régulation. Le colloque invitera des intervenants dont les approches disciplinaires ou les engagements créatifs vont apporter des éclairages situés et précis afin de contribuer, durant ces deux journées, à construire une compréhension globale et contrastée de la problématique. Les modes d’intervention ainsi que les formats de session vont être conçus afin de favoriser les débats ouverts et collectifs sur des enjeux environnementaux et humanitaires qui concernent le plus grand nombre.
Comme c’est souvent le cas dans le cadre des colloques internationaux « Mobile et Création », c’est par la voie du faire et de la créativité que nous allons également procéder, et ce afin de contribuer collectivement au développement d’une « prise en main » des possibles dénouements de la crise environnementale vers une écologie mobile au sens propre.
Ce colloque contribuera donc au tournant anthropocénique des études sur le numérique en s’attachant non pas seulement à la vie privée des utilisateur.es ou aux prolétaires de l’IA mais aussi aux petites mains de l’extractivisme des terres rares et les damné.s d’un système planétaire endommagé.
Le colloque aura lieu en salle Athéna à la Maison de la Recherche de Paris 3, 4 rue des irlandais, 75005 Paris
Programme provisoire amené à être complété :