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loallard – Page 5 – MOBACTU / by @laurenceallard

Mobile et musique en Afrique

On parle souvent du rôle du téléphone portable dans le développement en Afrique, pour des campagnes de santé publique, pour le commerce et l’agriculture ainsi que pour l’accès à des comptes en banque mobiles. Les premiers billets de ce blog traitent de ces sujets à travers notamment la présentation de notre ouvrage Mythologie du portable.
Il est un aspect également important à mettre en avant dans l’usage du téléphone portable sur le continent africain, c’est le rôle qu’il joue dans l’appropriation et la créations d’images ou de musique. Appropriation et création qui mettent en jeu des pratiques de transfert entre différents supports mobiles dans lequel le téléphone portable occupe une place centrale, tenant lieu le plus souvent de plate-forme d’échange.  Echanges à la fois au sens symbolique par l’écoute collective de « bons sons » qu’il permet de diffuser mais aussi matérielle à travers les transferts musicaux via les cartes SD ou la technologie bluethooth qu’il rend possible.

Cette culture du transfert peut être encore concrètement appréhendée grâce cet objet musical non identifié réalisé par l’ethnomusicologue rebelle comme il aime à se présenter, Christopher Kirkley aka @sahelsounds,  à partir des titres qu’enregistrent et que s’échangent les habitants du Sahara au Mali sur leurs téléphones portables. Ce disque résulte d’un travail de collecte et constitue une première trace de ces pratiques de transferts musicaux où se mélangent les genres, de Bollywood au Raï Algérien en passant par la chanson française. Mais il propose également des créations originales de groupes locaux mixées à ces enregistrements mobiles réalisés avec les moyens du bord dans cette région désertique où le téléphone mobile est vital et fait office de baladeur, disque dur en plus des fonctions ordinaires de communication.

Pour appréhender d’autres pratiques de création et de diffusion de la musique via le téléphone portable, on peut encore se plonger dans cette étude de terrain au coeur d’un bidonville de Nairobi au Kenya. Les auteurs y listent notamment toutes les fonctionnalités du mobile utilisées et appréciées par les musiciens et amateurs locaux : le Bluetooth et l’infrarouge pour partager et distribuer la musique, l’enregistrement audio, la vidéo pour créer leurs clips, l’appareil photo pour les repérages de lieux où filmer les vidéos, les composeurs pour les basses et la batterie, les batteries longue durée et une grande capacité de mémoire pour archiver leurs créations ou télécharger des fichiers musicaux. Cette ethnographie de la création musicale informelle documentée à travers le rôle essentiel joué par le téléphone portable propose in fine une réflexion sur l’avenir d’une industrie musicale en Afrique.

Mobile et santé dans le monde : enjeux et actualité

La rencontre entre la téléphonie mobile – objet technique le plus répandu dans le monde avec 5 milliards d’utilisateurs – et le champ de la santé ne se limite pas au débat sur les potentiels risques liés aux radiofréquences, comme c’est le cas parfois en France.

Par Laurence Allard, MCF Info-Com, Université Lille 3. Auteure de Mythologie du portable, ed.Le Cavalier Bleu, 2010.

En plus des belles histoires qui racontent comment le téléphone portable a un jour sauvé la vie de l’un d’entre nous, il existe de par le monde et notamment dans les pays les plus pauvres un usage massif du mobile dans des campagnes de santé publique. Soutenant souvent des infrastructures parfois déficientes, de nombreux projets innovants et pionniers en matière de mHealth ont été menés dans le monde. Et notamment sur le continent africain.

En effet, faute de médecins en nombre suffisant, en Afrique, on compte 1 médecin pour 7 000 patients en moyenne suivant les chiffres de l’OMS, ou de routes fonctionnelles pour se rendre dans les villages des zones rurales (selon le rapport de l’IFRI ), mais avec un taux de pénétration du téléphone portable en moyenne de 41% sur le continent africain et 60% des 400 000 villages africains couverts par le réseau télécom, le téléphone mobile y demeure un moyen technique fort utile dans le domaine de la santé. Dans les pays développés, le secteur de mHealth commence avec le boom des applications mobiles médicales pour smartphones, à être jugé rentable par les économistes des télécoms. Mais au-delà des arguments financiers souvent avancés en faveur du mHealth liés à la gestion des systèmes de santé dans le monde, il est important d’inscrire le développement de ce champ dans un contexte sociétal général d’une relation renouvelée entre les patients et les médecins et ce dans le cadre d’une médecine dite 2.0. A tel point que l’on parle désormais de Health Literacy, c’est-à-dire de la compétence des malades à obtenir et comprendre des informations médicales, afin de s’appproprier décisions médicales et éléments de traitement. (Lire la suite)

Perspectives sur le fundraising mobile en France (Olivier Blondeau, Agence Limite)

Le 26 octobre dernier, la CB Newletter reprenait le baromètre REC de l’institut Gfk et annonçait que « l’ordinateur résiste au téléphone portable pour le surf sur Internet ». D’après ce baromètre, « seuls 5% de ces internautes indiquent utiliser l’écran d’un téléphone portable pour visiter ces sites, et 1% l’écran d’une télévision ou d’une tablette ».

Plaidoyer pour des observations d’usage du mobile

Il ne s’agit pas ici de contester les résultats de cette enquête qui confirme les (trop rares) études empiriques et qualitatives qui ont pu être réalisées en France. Citons ici l’étude ethnographique « Usages de l’Internet mobile » conduite par Laurence Allard (Maîtresse de conférences en Sciences de la Communication – Université Lille 3 – UFR Arts et Culture), Olivier Aïm (Maître de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication, Université de Paris IV –CELSA) et Joëlle Menrath (Cabinet Discours & Pratique) et réalisée pour l’Opérateur Virgin Mobile qui établissait, dés septembre dernier, que le surf n’était pas l‘activité privilégiée des « mobinautes ».

Reste que cette étude établissait que, si le surf au sens propre du terme, ne recouvre pas un champ de pratiques majoritaires, il n’empêche que les utilisateurs de mobile ont des usages variés et intéressants de l’Internet sur leur mobile. Citons par exemple cette pratique mise en évidence à de nombreuses reprises par Laurence Allard dans cette étude et dans son ouvrage « Mythologie du portable » de « hack d’usages » qui permet à des utilisateurs de détourner des fonctionnalités du mobile ou d’en utiliser d’autres. Tel utilisateur cité par la spécialiste des usages du mobile préfèrera par exemple faire un raccourci de lien vers un site web mobile sur l’écran de son mobile que d’utiliser une application qui ne lui convient pas. (Lire la suite sur le blog de l’Agence Limite)

Le smartphone, un « investissement identitaire renouvelé »

Il y a les « Blackbé », les « iPhone » et les autres, les « simplets » ou les « dinosaures » : la folie « smartphone » a créé de nouveaux usages, et de nouveaux clivages chez les jeunes. C’est un des enseignements d’une intéressante petite enquête ethnographique, présentée mardi 31 août en marge d’une conférence de presse de l’opérateur de télécommunications Virgin Mobile.

L’étude a été menée par trois chercheurs en sciences de l’information (Olivier Aïm, du Celsa,Laurence Allard, de l’Université Lille 3, et Joëlle Menrath, de la société Discours & Pratiques), entre Strasbourg, Paris, et la « cité des 4000 » à Aulnay-sous-bois, auprès de quelques dizaines de possesseurs – ou non – de téléphones multimédias. Lire la suite sur le site du Monde

 

Les usages de l’Internet mobile / Enquête ethnographique

Slides de l’étude ethnographique sur les pratiques de l’Internet mobile réalisée pour Virgin Mobile par Olivier Aïm (Université Paris IV-Celsa), Laurence Allard (Université Lille 3), et Joëlle Menrath de Discours&Pratiques

mDemocracy (civic apps, mGov et opendata) : un chantier démocratique et technique

La mDemocracy peut être définie par le recours des gouvernements ou collectivités aux technologies mobiles dans une perspective de relation avec les citoyens autour de services et d’informations. Elle comprend également tout un ensemble d’applications pour téléphones portables, dont certaines ont été développées de façon indépendante (civic apps), soit impulsée par les gouvernements (mGov). Au-delà de ces définitions, la mDemocracy pourrait bien contribuer à une conception renouvelée de la démocratie où la transparence serait conçue comme un outil au service de la participation citoyenne. Cet intérêt pour les potentialités du mobile par les pouvoirs publics et associations de citoyens est récent et particulièrement dynamique aux Etats-Unis dans le cadre de la présidence de Barak Obama et de sa communication publique mettant en avant ces problématiques.

Scott Goodstein, responsable de la stratégie mobile du site de mobilisation et de soutien à l’action de la présidence de Barack Obam, Organizing for America, a ainsi récemment déclaré que la prochaine étape en matière politique serait le mobile, renvoyant à l’archaïsme tous ceux qui pensaient organiser la politique par les seuls sites de réseaux sociaux : « Le Web 1.0 était statique mais a rendu l’information disponible aux masses, le Web 2.0 a été interactif et a permis une plus grande participation et la possibilité aux individus de s’exprimer. La prochaine étape de cette révolution est le mobile… Aucune technologie ne procure cette capacité de toucher les personnes où qu’elles se trouvent et de les alerter en temps réel des affaires politiques et des urgences nationales.»

Cet engouement pour les applications mobiles citoyennes et les services gouvernementaux se fonde, de fait, sur la large diffusion du téléphone portable de par le monde : il y a 4,6 milliards d’abonnés au téléphone portable (UIT, 2009) dans le monde et 61,5 millions de cartes SIM (AFOM, 2010), dont 12,6 millions sont des « mobinautes » et 20% de la population (de +15 ans) équipées en smartphones (Médiamétrie, juin 2010). A ces chiffres, il convient d’ajouter que l’internet mobile est en plein essor dans tous les pays, avec notamment un marché de 55 milliards d’utilisateurs aux USA (IDATE, Digiworld 2009). Malgré ces taux d’équipement massifs, les projets de mGov et plus globalement de mDemocracy sont encore peu développés dans le monde et peu systématisés en France. (Lire la suite)