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Notice: Undefined variable: SDJIaH in /var/www/alternc/g/griom/mobactu/wp-includes/block-patterns.php on line 1 loallard – Page 3 – MOBACTU / by @laurenceallard
Extraits du dossier « Culture Mobile » de mai 2013 consacré à mes travaux
« L’histoire du téléphone mobile depuis bientôt vingt ans a inauguré un autre type de rapport aux nouvelles technologies : non plus «compétitif» mais «symétrique» et «réversible». La révolution du mobile a donné du pouvoir à ceux qui jusqu’ici n’en avaient pas. Or, avec la métaphore de l’homme augmenté, notre nouveau monde connecté semble parfois nous engager dans une voie marquée une fois encore par une logique de domination. C’est notamment pour répondre à cette tendance que Laurence Allard a mis au point le concept de «biosocialité connectée». »
La suite par ici :
Par Laurence Allard et Olivier Blondeau de Labo Citoyen, porteur du projet « Citoyens Capteurs »
Du consommateur capté au citoyen capteur.
Face à l’inflation du discours autour des Big Data d’une part et d’autre part, le développement de l’Internet des Objets, qui s’exprime notamment dans les promesses des Smart Cities ou des Smart Grids, le citoyen a de plus en plus conscience d’être confronté à un monde de données et d’algorithmes dans son activité ordinaire en ligne. Le développement des capteurs, des puces et autres choses connectés accroit le volume de ces données et ouvre le marché des services de traitement à valeur ajoutée de ces Big Data, censés améliorer la gestion des flux (flux de communication, de trafic, de circulation de l’énergie). Il n’en reste pas moins que la captation passive des données par différents dispositifs dont serait porteur des « objets » pourrait dessaisir le citoyen de ses capacités de réflexion et d’action sociales, politiques ou environnementales.
Le Mercredi 13 mars à 19h30 à La Cantine, Silicon Sentier et Satellinet organisaient une table-ronde sur les futurs usages du mobile.
Le Mobile d’après : prospective à 5 ou 10 ans
Evénement propulsé par le Mobile Monday Paris
Après le téléphone fixe, le téléphone mobile et le smartphone, quel est l’avenir du téléphone mobile ? Quels formats auront les téléphones dans les 5 à 10 ans ? Et pour quelles utilisations ?
Quels sont les projets des constructeurs en matière de formats, d’usages en matière de m-santé, m-éducation, m-paiement ou encore m-loisirs ?
En voici un intéressant compte rendu par Cyceron du blog Mediaculture.
Voici en extrait une tribune publié dans le supplément « Solutions de communications aux entreprises » du Monde du 22 novembre 2012
« En France puis au Etats-Unis, où Barack Obama a largement exploité les techniques du Big Data pour sa réélection, la technologie prend une place grandissante dans les élections. Avec des électeurs qui ont quitté leur position d’observateurs passifs… mais sans pour autant trop se dévoiler.
Si la campagne « Obama 2008 » a été décrite comme une campagne mobilisant les électeurs par l’intermédiaire d’Internet et du mobile, celle de 2012 a fait apparaître une face plus obscure : l’usage de vastes jeux de données d’activité en ligne des votants contactés par les volontaires de la campagne. Dans cette campagne databased, la stratégie de mobilisation d’Obama s’est adossée plus que jamais aux pratiques numériques des électeurs.
En France comme aux Etats-Unis, c’est bien désormais la figure d’un électeur praticien du numérique qui est au cœur des stratégies électorales. Le citoyen connecté fournit des données et se prête aux segmentations, mais il est aussi un nouveau protagoniste des campagnes électorales, qui rompt avec une position de spectateur l’assignant à un format, à un lieu et à une temporalité, comme nous l’a montré une enquête ethnographique que nous avons menée en temps réel pendant les dernières élections en France. »
Dans la lignée de notre travaux sur la diplomatie digitale, le smart power et la monnaie mobile, voici un volet de slides issus de conférences récentes.
”Smart Power, Mobile Phone Technology and Philanthropocapitalism in Africa and MENA”, conférence au Colloque International Democracy Promotion and Nation Building in United States Foreign Policy. The U.S. Model Reconsidered, From the Post-Cold War Balkans to the Arab Revolts, 18 Octobre 2012, Université Paris 3/The German Marshall Fund of the Unites States
Voici les résultats d’une ethnographie digitale, d’observation d’usages du numérique et de récits de pratiques menées au cours de la campagne électorale présidentielle 2012. Il s’agit d’une enquête ethnographique effectuée en temps réel durant le temps de la campagne présidentielle. Cette ethnographie digitale a porté sur des observations quotidiennes des réseaux sociaux, des forums et des blogs ainsi que sur des corpus de centaine de mails et diaporamas, ainsi que de SMS/MMS. Cette ethnographie digitale s’est effectuée jour après jour dans le but de prendre en compte le calendrier électoral propre aux électeurs. Ce faisant, l’enquête se situe au plus près des processus de formation des opinions et des choix de vote en train d’être fait. Des pratiques de déclaration de son choix de candidat explicites sur les réseaux sociaux – les coming out électoraux – peuvent, par exemple, être très éphémères (le temps du jour du vote) et être effacées dès le lendemain. C’est pourquoi, seule l’observation au jour le jour des pratiques a pu permettre de documenter des usages dont la temporalité était l’un des éléments significatifs quand il s’agit de savoir comment l’on s’informe, l’on forme son opinion et comment l’on choisit son candidat durant le temps d’une campagne électorale présidentielle.
Des entretiens de longue durée au nombre de 30 au sein de catégories socio-professionnelles et dans des secteurs géographiques contrastés (Paris et sa région, Strasbourg et villages alentours, Lisieux et villages alentours) ont permis de saisir des pratiques vives des outils et des médias dans leur épaisseur et leur matérialités et de pouvoir donner des interprétations issues des récits d’usage à certains constats que les études quantitatives ont énoncés au sujet de cette campagne. C’est le cas par exemple de cette première place que sembler occuper encore la télévision par rapport à Internet mais dont s’aperçoit, depuis les pratiques, qu’elle se trouve elle-même médiamorphosée au sein de cycles transmédiatiques dont les électeurs sont les protagonistes notamment pour jouer leur rôle conversationnel ou fabriquer leur parole militante.
Des observations complétées par une trentaine d’entretiens à la volée dans les meetings, les bureaux de vote ou les cafés ont apporté des informations en contexte sur les comportements électoraux équipés par le numérique et permis de documenter l’émergence de nouveaux espaces publics hydrides, tels que la place publique connectée.
Les principaux résultats de l’enquête peuvent être synthétisés en six points :
1.Grâce au numérique, les citoyens ont tous leur manière propre de pratiquer activement l’information politique, et de refuser d’être de simples spectateurs.
2.Le tabou du « parler politique » n’est pas levé par Internet.
3.Les outils connectés permettent de transformer le devoir civique en bon plaisir numérique.
4.Internet joue le rôle d’un observatoire pluraliste favorisant la curiosité politique.
5.La campagne 2012 a inauguré de nouvelles formes de militance connectée, qui privilégient la parole libre
6. La nouveauté de la campagne 2012, c’est la métamorphose des espaces publics par la connexion.
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Articles de presse, recensions de l’étude ou articles :
Voici en extrait, l’article publié dans Le Monde Diplomatique de mai 2012.
« Dans les heures qui suivent le tremblement de terre du 12 janvier 2009 en Haïti, plusieurs initiatives permettent de cartographier les besoins, les demandes d’aide, les appels de familles de disparus… Enseignant-chercheur spécialisé dans la cartographie de crise, Patrick Meier s’associe au programmeur kényan David Kobia, qui, en 2007, avait fondé le système Ushahidi, destiné à permettre à des citoyens de signaler les affrontements postélectoraux. De façon inattendue, cet outil va offrir une plate-forme à l’information d’urgence en Haïti : Meier et Kobia mettent en effet sur pied un système d’alertes géolocalisées transmises par téléphone mobile. L’opérateur Digicel leur emboîte le pas et fournit aux Haïtiens un numéro d’urgence unique, le 4636. Des centaines de vies seront sauvées.
A l’aide du service de messagerie (SMS) des téléphones portables et d’instruments de géolocalisation, Ushahidi permet d’organiser la réponse avec très peu de moyens. De tout le pays affluent des signalements : disparitions, manque de nourriture ou d’eau dans les orphelinats, personnes rescapées, etc. Traduits en français, anglais et créole par deux organisations non gouvernementales (ONG) — Samasource et Crowdflower —, les textos sont localisés, vérifiés et catégorisés avant d’être publiés sur une carte par une équipe de volontaires rassemblés à la Fletcher School of Law and Diplomacy, basée dans le Massachusetts, où enseigne Meier.
Grâce à une passerelle SMS mise en place par Instedd, une start-up américaine spécialisée dans la gestion informatisée des situations de crise, la Croix-Rouge — mais également les marines américains — est en mesure de recevoir les alertes signalant une situation dangereuse et sa localisation.
Cette rencontre inédite entre informaticiens kényans et armée américaine a joué un rôle déterminant dans la redéfinition, sous l’impulsion de Mme Hillary Clinton, des méthodes du département d’Etat. Les Etats-Unis ont certes une longue tradition d’usage des technologies de communication, liée à la transmission de la Voix de (…) »
Ces réflexions documentées autour du Mouvement des Indignés et d’Occupy Wall Street se situent dans le prolongement des travaux publiés dans ce blog au sujet des Révolutions Arabes. Elles correspondent un premier état d’analyse de données collectées en temps réel des mobilisations en cours. Bonne lecture à vous et travaux à suivre.
Comment s’effectue la décision de voter pour tel ou tel candidat ? Comment s’accomplit l’engagement électoral ? Et comment les technologies d’expression, de communication et relationnelles se trouvent pratiquées en temps de campagne électorale par un public de militants et sympathisants ?
Ces questions sont immenses mais elles forment le cadre d’une anthropologie du vote qu’il est intéressant d’initier en temps de campagne électorale.
L’application PlaceOPeuple : « le premier média, c’est nous »
Nous voudrions contribuer à apporter quelques réponses en nous focalisant sur l’usage d’une webapp réalisée pour la campagne du Front de Gauche et de son candidat Jean-Luc Mélenchon, PlaceOPeuple. Comme l’explicitent les concepteurs de la WebApp, Les Appliculteurs, elle a été « codée en html5 pour être accessible sous une forme optimisée à tous les types de portables ». Sur cette application, en plus de l’actualité de la campagne, sont proposés de façon inédite des « défis » aux « révolunautes ». Des « révolunautes » qui se trouvent dotés d’un outil de mobilisation et d’information personnelle dans la mesure où, comme le proclame le slogan de l’application, « Le premier média, c’est nous. »
Lancée le 15 décembre 2011, ce sont plus d’une quinzaine de défis qui ont été initiés.Il s’agit à travers ces « défis » d’innover dans les répertoires de mobilisation en temps de campagnes.
Le dernier en date a été proposé le 2 février 2012 et il mérite attention pour tous ceux que les pratiques politiques vives interpellent.
Au moyen de l’application, les « révolunautes » sont invités à « participer à la grande galerie photo que nous sommes en train de composer avec les visages et les messages des citoyen-nes de ce pays. L’idée : se prendre en photo avec un panneau sur lequel est inscrit un message qui doit commencer par «Je vote pour…» et se terminer par «#placeaupeuple», notre signe de ralliement à la candidature du Front de Gauche. Soit créatif : invente le reste ! Pour participer, rendez-vous dans l’appli de campagne : il suffit de relever le défi «Je vote pour… Les messagers de la Révolution citoyenne», dans la partie «Agir» de l’application. Ou envoie-nous directement un mail à l’adresse : photos@placeaupeuple.mobi À toi de jouer ! » Il est ensuite possible de consulter cette galerie photo sur la page du candidat Jean-Luc Mélenchon sur Facebook.
Diaporamas, photos de famille, lolcat, détournements photoshop : les pratiques créatives des « révolunautes »
En plus des commentaires qu’il suscite, comme par exemple celui saluant la « créativité du peuple » et autres messages de soutien directs au candidat, l’album riche de plus de 250 photos environ a été partagé – à ce jour – près de 700 fois dans sa globalité, commenté par plus de 1 700 personnes mais certaines photos sont également l’occasion de commentaires et de nombreux partages.
Mais s’agit t’il de simples portraits photographiques de militants comme les consignes initiales du défi l’implicitaient ? Il n’est pas besoin d’être grand spécialiste de culture visuelle pour remarquer la grande diversité des propositions iconiques des militants, sympathisants et de leurs amis ou familles .
Plusieurs genres culturels s’y trouvent déclinés dont certains sont outillés par les technologies de création d’images comme les logiciels de retouche photographique. Certaines propositions reprennent, en effet, l’esthétique dite « photoshop » qui consiste à utiliser une photo préexistante ou prise pour l’occasion et d’y accoler un texte déclaratif sur les motifs de son vote. Les animaux familiers ou les intérieurs sont souvent convoqués et parfois mis en scène comme supports énonciatifs. Un photographie met en image une cuisine et des produits ménagers redécorés par des autocollants du Front de Gauche pour illustrer la nécessité de « faire un grand ménage ». Nicolas Sarkozy. Ou encore cette photo d’un chat pris dans sa corbeille dans laquelle a été placé un carton affichant « je vote pour écrire un nouveau chat-pitre de l’histoire. »
D’autres images sont créées par détournement de leur dénotation comme par exemple des grues de chantier ou de course de ski par l’ajout de phrases déclaratives « Je vote pour les ouvriers, je vote pour que l’on remonte la pente. »
Autre genre rencontré, la « photo de famille » où un groupe, couples ou bandes d’amis, se met en représentation pour afficher ses intentions de vote.
Les premiers modèles suggérés dans l’énoncé du défi de se représenter avec un pancarte, suivant le répertoire d’action de la manifestation, ont été assez peu répliqués et d’emblée les propositions sont allées dans le sens d’une interprétation personnelle des consignes.
Une interprétation personnelle qui suppose de recycler des genres et des pratiques éprouvées dans d’autres domaines.
C’est le cas des messages déclinant l’esthétique des diaporamas. Genre négligé – mis à part par les fokloristes du web qui minimisent par là même la portée sociale de leur confection et de leur circulation par le biais du réseau social des boites mails – ces diaporamas reconduisent les usages de la blague de bureau ou du genre discursif de la brève de comptoir. Or les diaporamas sont un support d’expression politique ordinaire où parfois se rencontre un humour déplacé à l’égard des femmes et des étrangers. Le contenu habituel du diaporama est ici réécrit dans une version militante avec ces exemples à la typographie typique privilégiant les anglaises : « Je vote pour la résistance et la révolution citoyenne. »
Les créations infographiques sont assez peu représentées. C’est plutôt la logique de la reconversion et de la réappropriation d’usages photographiques connus en formes d’expression militante qui est ici de mise : diaporamas, photos de familles, photoshop, portraits d’animaux servent de support à l’énonciation d’une opinion et donc d’une adhésion militante à un candidat. Des photographies prises depuis le mobile sont également envoyées depuis leur contexte de prise de vue et de position, comme ces exemples montrant une salle de cours et un tableau d’amphithéâtre en décor de fond.
La grammaire du vote : des vraies luttes sociales à la cause générique de « l’humain d’abord. »
Dans ces créations imaginées par ceux qui se revendiquent « citoyens », ce sont autant de motifs du vote qui se trouvent énoncés. Et c’est pourquoi, ces messages forment un ensemble heuristique pour documenter et comprendre comment et pourquoi l’on vote pour tel ou tel candidat, comment se forge l’adhésion à une candidature car on ne nait pas militant on le devient.
Parmi les motifs proclamés sur dans cette galerie de portraits de militants s’exprimant au travers de leurs créations personnelles, on repère la gamme des causes sociales au programme du Front de Gauche : partage des richesses, égalité entre les hommes et les femmes, droits à la santé, à la retraite, à la culture ou la fin du nucléaire. L’autre grande grammaire des intentions de vote, illustrée ici dans ces formes d’expressions visuelles et textuelles, rejoint le slogan fédérateur du front de gauche : « L’humain d’abord. » Cette cause générique est déclinée sous plusieurs éléments constitutifs : la dignité de l’homme, la fraternité, l’amour. A noter que ce sont souvent nos « compagnons d’espèce » (Donna Haraway), chiens ou chats, qui vont figurer sur ces messages génériques d’engagement. Une humanité au sens large se trouve ainsi représentée loin de l’esthétique LolCat à laquelle on serait tenté de réduire, dans un premier temps, la présence de tant d’animaux dans les propositions graphiques des « révolonautes. »
La topique du vote : lieux symboliques et décors quotidiens d’où l’on vote
Autre élément remarquable dans cet album, les lieux de prise de vue qui sont à prendre comme l’équivalent visuel de prises de positions.
Parmi les topiques du vote, on reconnait l’usine, l’école et l’université, la rue, le jardin et le pré, l’Assemblée Nationale et les terres de métissage ou encore son propre corps.
Ce qui est encore remarquable concerne les décors intérieurs, qui représentent la toile de fond majeure de ces portraits photographiques. Mais il s’agit d’une domesticité réinventée comme cadre idéal de l’amour entre personnes de même sexe ou campement d’un guerillero auquel s’identifier. Ou encore une domesticité symbolisant crûment les conditions de l’existence à l’image de cet intérieur de frigo vide. Ou enfin, une domesticité comme aire de ce qui n’est pas vraiment un jeu d’enfant, à savoir se loger dans une cabane.
A travers le choix d’un lieu symbolique – usine ou potager-, la mise en scène de son intérieur ou la transfiguration d’un objet du quotidien -télévision, balance, frigo – c’est une topique du vote qui se trouve documentée. Dans le cadre d’une anthropologie du vote, ce ne sont pas seulement les motifs de l’adhésion à un candidat, le « pourquoi l’on vote », qui est observable ici mais encore « d’où l’on vote ». A travers ces formes d’expression situées, c’est un espace politique qui se dessine avec ses lieux emblématiques et ses ilots d’utopie.
La participation politique à l’oeuvre
Ces créations qualifiées souvent de « modestes » par leurs auteurs participent des contenus générées par les utilisateurs d’internet et du mobile. Des contenus qui sont à prendre au sérieux comme des formes d’expression politique au sens où se trouvent énoncées causes d’engagement et topiques des luttes au travers d’une réinterprétations de différentes formes culturelles. Elles performent le « pouvoir-dire » à l’oeuvre sur les réseaux de communication informatisés de façon plus située que ne pourrait le proposer un dispositif participatif politique en ligne. Cette approche de l’engagement politique par le biais de l’expression numérique ordinaire avec les moyens du bord (avec « paint car je n’ai pas les moyens de me payer photoshop » comme le commente un « révolunaute ») et à l’endroit où l’on se trouve (« j’ai un petit faible pour l’aspirateur dans le coin » dit le commentaire d’un portrait « en Che » proposé par un jeune étudiant) rencontre le pragmatisme de la dernière campagne étatsunienne lors de laquelle les vidéos, leurs commentaires et leurs mashups avaient été le support de débats, de prises de position et d’attitude d’adhésions.
La conversation créative des militants
Quand on s’attache à l’espace des commentaires des photos qui s’établissent à plus d’une centaine parfois, on remarque ce que nous appelons la « conversation créative » – c’est à dire la façon dont sur les dispositifs web d’expression et de socialisation, les interactions se trouvent médiatisées par l’intermédiaire de « contenus » constitués en général de photos légendées ou d’articles de journaux ou de billets de blogs, bref de contenus réappropriés et rendus partageables.Dans le cadre de cette campagne, on peut observer une politisation de cette conversation créative soit à travers des agencements énonciatifs d’adhésion des utilisateurs de la webapp du Front de Gauche soit à travers les détournements de l’affiche de campagne qui ont déferlé sur les sites de réseaux sociaux suite à l’annonce de sa candidature par Nicolas Sarkozy.
Cette conversation créative que certains voudraient faire passer pour une viralité immanente des images et des mots sur le web est – on le voit avec les messages des militants du Front de Gauche – le fruit d’une réappropriation singulière de genres visuels et de pratiques expressives de composition et d’écriture. Une conversation dont les protagonistes ont parfois, depuis la participation au défi photographique, pris le visage de leur portrait en révolunaute devenu leur avatar.
Les « messagers de la Révolution » – comme l’énoncé du défi les désignent – ne propagent donc pas de mèmes – ces contenus soi-disants viraux – sans savoir d’où ils viendraient et ce qu’ils signifieraient.
Ils s’unissent dans le jeu proposé par cette application qui s’adresse à eux depuis l’outil numérique le plus personnel, leur téléphone portable.