Voici les résultats d’une ethnographie digitale, d’observation d’usages du numérique et de récits de pratiques menées au cours de la campagne électorale présidentielle 2012. Il s’agit d’une enquête ethnographique effectuée en temps réel durant le temps de la campagne présidentielle. Cette ethnographie digitale a porté sur des observations quotidiennes des réseaux sociaux, des forums et des blogs ainsi que sur des corpus de centaine de mails et diaporamas, ainsi que de SMS/MMS. Cette ethnographie digitale s’est effectuée jour après jour dans le but de prendre en compte le calendrier électoral propre aux électeurs. Ce faisant, l’enquête se situe au plus près des processus de formation des opinions et des choix de vote en train d’être fait. Des pratiques de déclaration de son choix de candidat explicites sur les réseaux sociaux – les coming out électoraux – peuvent, par exemple, être très éphémères (le temps du jour du vote) et être effacées dès le lendemain. C’est pourquoi, seule l’observation au jour le jour des pratiques a pu permettre de documenter des usages dont la temporalité était l’un des éléments significatifs quand il s’agit de savoir comment l’on s’informe, l’on forme son opinion et comment l’on choisit son candidat durant le temps d’une campagne électorale présidentielle.
Des entretiens de longue durée au nombre de 30 au sein de catégories socio-professionnelles et dans des secteurs géographiques contrastés (Paris et sa région, Strasbourg et villages alentours, Lisieux et villages alentours) ont permis de saisir des pratiques vives des outils et des médias dans leur épaisseur et leur matérialités et de pouvoir donner des interprétations issues des récits d’usage à certains constats que les études quantitatives ont énoncés au sujet de cette campagne. C’est le cas par exemple de cette première place que sembler occuper encore la télévision par rapport à Internet mais dont s’aperçoit, depuis les pratiques, qu’elle se trouve elle-même médiamorphosée au sein de cycles transmédiatiques dont les électeurs sont les protagonistes notamment pour jouer leur rôle conversationnel ou fabriquer leur parole militante.
Des observations complétées par une trentaine d’entretiens à la volée dans les meetings, les bureaux de vote ou les cafés ont apporté des informations en contexte sur les comportements électoraux équipés par le numérique et permis de documenter l’émergence de nouveaux espaces publics hydrides, tels que la place publique connectée.
Les principaux résultats de l’enquête peuvent être synthétisés en six points :
1.Grâce au numérique, les citoyens ont tous leur manière propre de pratiquer activement l’information politique, et de refuser d’être de simples spectateurs.
2.Le tabou du « parler politique » n’est pas levé par Internet.
3.Les outils connectés permettent de transformer le devoir civique en bon plaisir numérique.
4.Internet joue le rôle d’un observatoire pluraliste favorisant la curiosité politique.
5.La campagne 2012 a inauguré de nouvelles formes de militance connectée, qui privilégient la parole libre
6. La nouveauté de la campagne 2012, c’est la métamorphose des espaces publics par la connexion.
Emissions de radio :
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Articles de presse, recensions de l’étude ou articles :
Neuf enseignements d’une webcampagne par Nicolas Vanbremeersch (Spintank)
« Sur les réseaux sociaux, afficher ses opinions politiques reste tabou », 20 minutes
« Politique et Numérique. A vos tweets citoyens, formez vos opinions », Le Blog du Communicant 2.0
« Etude : la vie citoyenne, le numérique et la place publique », Fil Rouge. Le blog de Ligaris
« Politique:le web n’est pas un canal d’influence plus important qu’un autre. », L’Atelier